18 avril 2013

Au pays du soleil levant, 1

En bientôt cinq ans, mon beau-père adoptif, un mexicain de presque 88 ans, est venu nous rendre visite pour la troisième fois. Malgré qu’il apprécie Singapour de plus en plus, la cité du lion reste un tremplin pour lui pour aller découvrir encore d’autres horizons.
En 2009 il venait pour la première fois et était époustouflé de ce que Singapour était devenu, car son dernier séjour ici datait de 1952…Puis, découverte de la merveilleuse Birmanie. En 2011, ses ambitions montaient et il organisait avec une agence genevoise un pèlerinage dans le nord de l’Inde pour visiter quatre lieux sacré du bouddhisme. C’était assez ambitieux et les conditions pas toujours faciles ! Puis, en 2013 nous entamions le chemin vers le Japon.
Quatre endroits étaient au programme ; pas trop pour pouvoir bien profiter et d’éviter trop de voyages internes qui fatiguent inutilement. Notre découverte commençait dans l’ancien capital impérial de Kyoto.
 Depuis des jours avant le départ je scrutais les pages de l’office de tourisme japonais pour savoir où en était la floraison des cerisiers ! Je ne pouvais difficilement m’imaginer d’arriver juste trop tard, mon âme de photographe amateur me l’interdisait ! Mais du à notre arrivée tardive, il m’était impossible de vérifier la situation sur le champ, il fallait que je patiente jusqu’au lendemain matin.
Mais là, toutes mes craintes s’estompaient ! Des nuages rose-blanches longeaient les cours d’eau, remplissaient grands et petits squares, les petits et moyens jardins privés et, évidemment, les parcs du château, des temples et de la ville. Une merveille à ne pas manquer si on a l’occasion. Parmi cette marée fleuri se mêlait une autre, celle des touristes, étrangers ET locaux, car la saison du Sakura est presque sacré pour les japonais et on s’habille et on se coiffe soigneusement à la japonaise, donc Kimono et sabot en bois, pour flâner en amoureux, en famille ou entre amis sous les arbres en floraison. Le soir venu, de grandes bâches sont déployées pour piqueniquer sous ces nuages rose-blanches où, de temps en temps, des pétales tombent comme des flocons de neige.
 
Le tout est très, très éphémère et la météo de la semaine de la grande floraison y est pour beaucoup ; un peu trop de pluie et de vent et le tout se raccourci à quelques jours au lieu d’une bonne semaine. Nous étions donc chanceux ! Durant les huit jours au pays du soleil levant, nous avons pu suivre tous les stades de l’éclosion des derniers boutons  à des branches se dénudant des fleurs pour laisser la place aux feuilles tendres. Ma tête est encore remplie de ces images et j’avais toute la peine du monde à garder ma caméra de temps en temps loin de mon œil pour admirer ces impressions en grandeur nature.
Le Japon, un pays à part ; tout le monde vous le dira, mais pour le comprendre il faut y aller par soi-même, y passer un peu de temps et de vivre, si possible, dans des Ryokans pour mieux s’immerger dans le rythme du quotidien japonais. Notre séjour était bien court, mais il nous a tout de même permis de jeter un bref coup d’œil dans la vie très structurée et organisée des nippons. Mais des fous-rires survenaient régulièrement dû au ballet incessant du changement de chaussons... Les chaussures, par déduction logique, sont sales. Donc, en arrivant au Ryokan, on se faisait remettre immédiatement en place par la réceptionniste, le tout en japonais, dès qu’elle nous voyait lever un pied vers le bureau d’accueil… Sur un mini-espace il fallait donc se déchausser et glisser ses pieds dans des savates alignées sur la marche devant nous en évitant, A TOUT PRIX, de reposer le pied en chaussette à côté de celui en chaussure. Vous me suivez ? Le tout devenait un acte de balance, surtout pour Abuelo (mon beau-père). Heureusement il y avait toujours une épaule à ses côtés qui pouvait lui servir comme appuie, si non, gare à la tirade en japonais pour le non-respect des coutumes locaux.
Savates pour l’intérieur de la maison, puis changement (dans une autre couleur, svp) pour traverser le mini-jardin intérieur sur des cailloux tout sauf plats, arriver devant la chambre où, sur un cailloux à surface inégale il fallait rechanger de savates SANS poser le pied déchausser sur la ladite pierre pour enfiler de nouvelles savates. Finalement on découvre notre chambre : Une mini-anti-chambre donnant sur deux portes dont une pour la salle de bain et l’autre pour les toilettes. Et qu’est-ce qu’on découvre dans le mini-espace des toilettes ? Une paire de savates d’une nouvelle couleur servant UNIQUEMENT dans ce lieu, gare à vous si vous sortez avec, sans faire exprès évidemment, de ce lieu sale pour vous promener sur les tatamis de votre chambre ! L’employée qui vous a été désigné pour votre séjour vous mettra en place immédiatement et malgré que la langue japonaise vous soit peut-être inconnue, vous comprendrez tout de suite.
Abuelo se souviendra tout le reste de sa vie des multiples anecdotes de ce ballet de savates du Japon. Venant à la chambre ; En préparant notre voyage, Abuelo insistait de vouloir vivre aussi souvent que possible à la japonaise (mais oui Abuelo, c’est « à cause » de toi), il fallait apprendre à vivre parterre. Pour se coiffer devant le miroir, à genou, pour manger, assis sur une chaise sans pieds et en pliant et dépliant ses jambes sans cesse en espérant de trouver une position confortable, dormir sur un futon parterre et se relever la nuit et le matin…Tout, mais absolument tout doit se faire à genou. Heureusement nous sommes encore jeunes et Abuelo se préparait avec son professeur de Pilates !
Logeant dans un Ryokan implique pas mal de règles, dont les heures de repas, car c’est pratiquement toujours inclus dans le prix de la chambre. Tous les trois vêtu dans des Yukatas, Tabis et Haoris, nous découvrions un nouveau ballet, celui des plats, bols, assiettes multiples nous dévoilant un repas artistiquement préparé dont nous ne comprenions malheureusement nullement les nombreuses explications de notre hôte.
 Du à son âge, Abuelo avait reçu une chaise avec un soupçon de jambes, mais manger était tout de même une vraie gymnastique pour nous trois. Comme nous avons pu rire parfois ! Par chance, notre « servante » nous tendais une feuille, en anglais, nous demandant si on voulait déjeuner « western » ou japonais. Sans hésiter nous avions choisi « western ». Pourquoi ? Hm, nous avons un peu de la peine à avaler du poisson cru et du tofu à la sauce de soja en émergeant du lit (futon). On a donc « skiper » le petit-déjeuner à la japonaise.
Bon, pour aujourd’hui je reste là, mon billet est déjà suffisamment long et il y a encore tant de choses à raconter. Je vous retrouve bientôt.

1 commentaire:

  1. Chère Karin,
    Je me régale de tes photos et récits! un vrai bonheur! quelle chance tu as de vivre ça! les petits désagréments sont vite oubliés avec toute cette beauté, n'est-ce pas?
    J'attend la suite avec impatience...
    Je t'embrasse bien fort!
    Chrystèle

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